Le Canada ou l’utopie d’un pays
Il y a 145 ans, les pères de la Confédération procédaient à l’unification du Haut et du Bas-Canada et créaient le Canada, un pays qui, à leurs yeux, allaient devenir, grâce à ses diversités culturelles et linguistiques, un modèle de société moderne.
Près d’un siècle et demi plus tard, force nous est de constater que le rêve des fondateurs se heurte constamment à des écueils redondants qui contribuent à polariser des débats sans fin sur ces différences qui, au départ, devaient donner à ce nouveau pays son caractère particulier.
À titre d’illustration, essayons un seul instant de nous reconnaître comme Québécois dans ce scénario digne d’un film de science-fiction raconté dans La Presse canadienne du 1er juillet lors des cérémonies d’ouverture soulignant les célébrations de la fête du Canada sur la colline parlementaire à Ottawa :
«Des policiers du Carrousel de la GRC ont escorté le gouverneur général David Johnston et son épouse Sharon, qui prenaient place à bord d’un carrosse tiré par des chevaux, jusqu'à la colline parlementaire où le blanc et le rouge étaient à l'honneur.
M. Johnston a procédé à l'inspection de la garde d'honneur avant d'être salué par 21 salves d'honneur. Des avions de chasse CF-18 ont ensuite survolé l'édifice du Parlement pour donner le coup d'envoi aux festivités… Mm Harper et Johnston ont également souligné le rôle joué par le Canada dans la guerre de 1812, dont on commémore le 200e anniversaire cette année, et qui est l'un des thèmes centraux des célébrations… En l'honneur du Jubilé de diamant d'Élizabeth II, le God Save the Queen, l'hymne royal, a été joué lors du grand spectacle devant le Parlement.»
Et, pour ajouter à cette mascarade un caractère satirique, certains sondages tendent à prouver que de plus en plus de Canadians s’accommoderaient fort bien d’un Canada sans le Québec qui continue de représenter à leurs yeux une contrée lointaine où végètent des parasites nocifs pour l’image de leur pays érigé sur les châteaux-forts britanniques.
Dans ces circonstances pour le moins irritantes, je demande aux Québécois qui désirent encore demeurer au sein de ce Canada: «Qu’est-ce que vous espérez y trouver?»…ou, en termes plus positifs, «Qu’attendez-vous pour vous affranchir de cette «utopie de pays» et enfin créer un véritable pays à votre image, un pays qui respire vos aspirations profondes et vos valeurs culturelles?»
quebechebdo 2 juillet 2012
vigile.net tribune libre 3 juillet 2012
Henri Marineau

