Vous n’êtes plus crédibles…démissionnez!
Dans deux rapports accablants rendus publics à six mois d’intervalle, le vérificateur a jugé que Michelle Courchesne, la vice-première ministre, ministre de l’Éducation et présidente du Conseil du trésor, avait abusé de son pouvoir discrétionnaire et avait fait preuve d’arbitraire dans la gestion des fonds publics. En 2008, c’était dans l’attribution de 18 000 places en garderie dans des circonscriptions où il y avait pourtant un surplus de places en garderie et ce, contre l’avis des fonctionnaires du ministère de la famille dont Michelle Courchesne était responsable à l’époque , puis, entre 2007 et 2010, c’était relativement à la distribution de 363 millions $ de subventions pour des équipements sportifs, tels arénas, terrains de soccer et piscines.
Il n’en fallait pas plus pour susciter les ébats parlementaires des amis d’en face qui réclament la démission de la ministre, alléguant qu’elle n’est plus « apte à exercer ses fonctions », suivie de la défense dithyrambique de l’accusée qui s’est levée en chambre pour défendre « dignement » son intégrité et clamer, à en faire trembler les murs de notre auguste assemblée, « qu’il n’était pas question qu’elle démissionne ».
Si vous ajoutez à ce cocktail explosif les répliques « brillantes » de Jean Charest qui, d’une part, fait valoir l’argument « massue » que « certaines subventions étaient allées à des circonscriptions péquistes » alors que les promoteurs de ces projets étaient des organisateurs et des donateurs du Parti libéral qui ont contribué pour 219 000 $ à la caisse du parti, et celle de la ministre de la famille, Yolande James, qui, pour sa part, invoque pour seul argument le « salissage » de la part de l’opposition, vous avez là le portrait typique d’un gouvernement enlisé dans la collusion et la corruption.
Ce même gouvernement qui, depuis des mois, maintient la ligne dure auprès des étudiants dans le fait qu’ils doivent faire leur « juste part » dans le sous-financement des universités, ce même gouvernement qui décrète une loi matraque violant le droit fondamental de manifester pacifiquement, ce même gouvernement qui a attendu des mois avant de créer une commission d’enquête sur la collusion et la corruption dans l’octroi de contrats dans l’industrie de la construction, ce même gouvernement qui s’apprête à brader de façon scandaleuse nos ressources naturelles au profit de ses amis bâilleurs de fonds.
Face à un tel marasme imprégné d’odeurs fétides de débris de partisanerie outrancière, il n’est pas étonnant que le citoyen moyen qui assiste à ce cirque loufoque soit désabusé du monde de la politique et, par ricochet, de ceux et celles qui sont censés représenter et protéger les intérêts supérieurs des Québécois .
Pour toutes ces raisons, le mouvement de la rue et le bruit des casseroles initiés par notre jeunesse devient un atout prioritaire et, en ce sens, il doit continuer de se faire entendre haut et fort en espérant qu’un jour pas trop lointain, quelqu’un, quelque part, se lèvera un bon matin avec la ferme conviction de redonner au peuple son droit à une saine gestion des affaires de l’État québécois. En attendant, Jean Charest et Michelle Courchesne ne sont plus crédibles…en conséquence, ils doivent démissionner !
vigile.net tribune libre 7 juin 2012
quebechebdo 10 juin 2012 "Lettre ouverte à Jean Charest et Michelle Courchesne"
Henri Marineau

