Place à la majorité!
En campagne électorale la Coalition avenir Québec (CAQ) s’est engagée à proposer un projet de loi sur la laïcité de l’État qui s’appuie sur l’interdiction du port de signes religieux chez les employés de l’État en ligne d’autorité, y compris les enseignants.
Or, il s’avère que le projet de loi 21, une fois présenté par un gouvernement qui a obtenu une majorité des suffrages de la part de l’électorat québécois, donne l’impression qu’il émane de nulle part et qu’il suscite des contestations telles de la part de certains groupes qu’ils semblent sortir d’une autre planète. Et pourtant, le gouvernement Legault ne fait que réaliser une promesse électorale, une démarche que bien des gouvernements antérieurs laissaient dans le placard, une fois élus.
Par ailleurs, le dernier sondage révèle clairement qu’une grande majorité des Québécois sont en faveur du projet de loi tel que présenté. J’en déduis donc que les contestations proviennent d’une minorité de citoyens. Or, dans une démocratie qui se respecte, il est de circonstance que la règle de la majorité (1) l’emporte sur la minorité et que cette dernière se rallie autour de la majorité.
Alors, pourquoi en serait-il autrement en ce qui concerne le projet de loi sur la laïcité de l’État québécois? Pourquoi les travailleurs de l’État en fonction d’autorité ne s’abstiendraient-ils pas de porter des signes religieux ostentatoires qui vont à l’encontre d’une laïcité dont l’objectif premier est de séparer la religion de l’État?
Information complémentaire (1)
« La règle de la majorité est définie comme (…) une sorte de convention de guerre, laquelle a pour objet, premièrement, de borner la lutte au domaine de l'intelligence et des passions en excluant toutes voies de fait ; secondement, d'obtenir la soumission volontaire des vaincus du scrutin qui doit décider comme ferait ailleurs la force, et par là d'affirmer et de conserver le fait social (…)Issu de l'impossibilité pratique de la paix complète et de la société pure, ce droit est une convention qui fonde la paix possible et la société possible, vise à les affermir, et même à les étendre, en se prêtant à la manifestation de l'unanimité dans la mesure où elle tend à se produire. »â€¯
Charles Renouvier, philosophe français (1815-1903)
vigile.net tribune libre 5 avril 2019
Henri Marineau

