Je me souviens mais je pense à demain
En septembre 2011, le groupe rap francophone Loco Locass recevait le prix Pierre-Bourgault pour son engagement envers la cause souverainiste. La récompense, nommée ainsi en l’honneur de l’ex-chef du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) décédé en 2003, est remise annuellement par le Mouvement souverainiste du Québec (MSQ). Elle vise à rendre hommage à ceux qui ont consacré leur énergie à promouvoir l’indépendance du Québec.
Rappelant que Bourgault se plaisait à dire au sujet de l’indépendance que « c’est parce que nous ne sommes pas prêts qu’il faut la faire », Sébastien Ricard, l’un des membres du groupe, soulignait, lors d’une entrevue, qu’il fallait remettre de l’avant la parole et l’oeuvre de Pierre Bourgault, surtout en cette période de déchirement pour le mouvement indépendantiste.
« À mon avis, déclarait Ricard, c’est la cause de l’effondrement des partis souverainistes… parce que pour beaucoup de Québécois, il faut être prêts pour faire l’indépendance, il faut réunir les conditions gagnantes…et Bourgault a toujours refusé ce langage-là ».
Dans une chanson intitulée « Vulgus vs sanctus », Loco Locass illustre bien le fait que « depuis 1760, la guigne nous hante ». Le groupe nous invite à le suivre dans ses « appels à la pelle » pour « faire sortir le bateau d’la bouteille ».
« Calcule, spécule sur le pécule culturel
Le PQ pogne le cul de la culture
Qui jouit au bon moment
Oui moman
JE ME SOUVIENS mais je pense à demain
Car quand la contrainte m’éreinte, j’l’étreins
C’est qu’j’sais qu’la fin sanctifie les moyens
Depuis 1760 la guigne nous hante
Nous suit, nous swing sa suie
Mais j’essuierai ces cendres de glace de la face de ma race
À n’importe quel prix parce que comme dit le doyen :
« La fin sanctifie les moyens »
Heille réveille !
On t’offre de faire sortir le bateau d’la bouteille
Mais quand on largue les amarres tu restes au port
Mort à l’instar d’un vieux Lazarre
Malgré l’histoire j’ose croire en la croisée des chemins
Car je sais que la fin sanctifie les moyens
J’fais des appels, des appels à la pelle
Pêle-mêle j’hèle, j’bêle
À ma tribu tributaire du naguère
(Qui s’est trop laissé taire)
De discuter, de pas s’buter pis d’excuser ses aïeux
Pour le peu d’efficience dans la longue marche vers l’indépendance. »
(extrait)
vigile.net tribune libre 9 octobre 2011
Henri Marineau

