Comme un concombre dans le vinaigre
Le sculpteur québécois Armand Vaillancourt, le 16ième d’une famille de 17 enfants, est né le 3 septembre 1929 à Black Lake, près de Thetford Mines. En 1951, il déménage à Montréal où il amorce une carrière épique, atypique et polémique.
À compter de maintenant et ce, jusqu’au 18 décembre 2011, la Maison Hamel-Bruneau à Québec, présente une exposition regroupant certaines des œuvres d’Armand Vaillancourt, celui qui se qualifie de « sculpteur provocateur » en ces termes :
« Je suis un baveux, et les gouvernements, qu’ils soient péquistes ou libéraux, ne savent pas quoi faire avec moi, et c’est pourquoi je n’ai jamais eu de contrats avec ces puants ; ce n’est pas un hasard, on ne m’achète pas ! Je suis resté le même, un tigre en liberté, il n’y a pas d’âge pour ça. La vieillesse, ce n’est pas le temps d’avoir peur ! »
Sa sculpture « Québec libre », plus connue sous le nom de « Fontaine Vaillancourt » est une œuvre monumentale qu’Armand Vaillancourt réalisa en 1971 à San Francisco.
Cette œuvre représente bien le lien qu’effectue Vaillancourt entre ses convictions politiques et sociales et ses œuvres. Il s’agit en fait d’une énorme fontaine de béton, de 61 mètres de long, 43 mètres de large et 11 mètres de haut installée à l’Embarcadero plaza, en plein cœur du quartier financier de la ville.
La nuit précédant son inauguration, Vaillancourt y inscrivit un retentissant « Québec libre ! » en lettres rouges, signifiant son appui indéfectible à la liberté du peuple québécois et plus largement, son appui à l’émancipation de tous les peuples. Voyant, le lendemain, que les employés de la ville avaient effacé l’inscription, il sauta sur la sculpture et y réinscrivit plusieurs fois les mêmes mots.
Devant « Regard d’égout », un bas-relief en papier mâché moulé sur une grille d’égout, et un bronze qui arbore une évidente trace de pneu, le récipiendaire du prix Paul-Émile Borduas en 1993, la plus haute distinction en arts visuels décernée par le gouvernement du Québec, déclare :
« L’homme primitif demeure présent en moi. Je suis comme un concombre dans le vinaigre : même sorti de son bocal, il goûte le vinaigre ! »
vigile.net tribune libre 25 septembre 2011
quebechebdo 29 septembre 2011 (version abrégée)
Henri Marineau

