La querelle des Anciens et des Modernes
À lire les récents échanges sur la tribune libre de Vigile à propos de notre démarche vers l’indépendance, j’ai parfois l’impression de me reporter en France à la fin du XVIIe siècle au moment où une polémique née à l’Académie française souleva la querelle des Anciens et des Modernes. Situons-nous d’abord dans le contexte historique de cette querelle.
Les Classiques ou Anciens menés par Boileau, soutenaient une conception de la création littéraire comme imitation des auteurs de l’Antiquité. Cette thèse était fondée sur l’idée que l’Antiquité grecque et romaine avait atteint une fois pour toutes la perfection artistique. Le choix par Racine pour ses tragédies de sujets antiques déjà traités par les tragédiens grecs illustre cette conception de la littérature respectueuse des règles du théâtre classique élaborées par les poètes classiques à partir de la Poétique d’Aristote.
Les Modernes, représentés par Charles Perrault, qui soutenaient le mérite des auteurs du siècle de Louis XIV, affirmaient au contraire que les auteurs de l’Antiquité n’étaient pas indépassables, et que la création littéraire devait innover. Ils prônaient une littérature adaptée à l’époque contemporaine et des formes artistiques nouvelles.
L’avenir de la littérature française évolua pourtant sans renier complètement les arguments des uns au profit de ceux des autres. Il en va de même aujourd’hui des arguments des partisans péquistes par rapport à ceux qui prônent un changement. Le PQ s’est implanté au Québec comme un parti qui a toujours prôné la souveraineté du Québec. Par ailleurs, ses tergiversations des dernières années ont terni cette image.
À mon sens, Hélèna, dans son commentaire à l’article de Robert Barberis-Gervais, publié sur cette tribune en date du 20 août sous le titre « Mises au point à propos des interventions de Maître Pierre Cloutier », résume admirablement les propos de mon argumentaire :
« Monsieur Barberis-Gervais,
Je prends un réel plaisir à lire vos analyses, vos exemples, vos références, j’en apprends toujours et ça me plaît. Je vous lis pour votre intellect.
J’apprécie aussi la parole ferme de Monsieur Cloutier. Sans ambiguïté. Son désir, sa grande passion du pays me donnent toujours l’élan d’y croire. Et je prendrai ces écrits pour convaincre mes voisins qui se demandent : « pourquoi faire l’Indépendance ». J’ai besoin d’avoir les mots qu’il faut pour le dire et chez Monsieur Pierre Cloutier, je les trouve ; ils sont simples et directs. Grâce à lui, je sais que ce sera clair et précis ; les gens vont commencer à réfléchir. Je suis désolée de voir jusqu’à quel point, on ignore les raisons pour nous Québécois de faire l’Indépendance. Oui, encore.
Monsieur JCP ( que je lis aussi) dit que Pierre Cloutier est un idéaliste ? Un avocat peut être idéaliste quand il s’agit d’émotion, de grande émotion ?! Ah, bon.
J’aime Monsieur Noël pour le don de ses recherches, son humour, ses preuves à l’appui.
Et Monsieur Le Hir qui nous communique tout ce qu’il sait dans un style remarquable.
Monsieur Luc Archambault a choisi de nous rentrer le désir de l’Indépendance dans la tête par ses formules incantatoires qui foisonnent dans ces écrits. Ça finira par porter fruit.
Il y en a d’autres. Chacun a son style et j’aime bien la différence et la marque de chacun…Je m’arrête. Mais tout ça pour dire que nous avons besoin de vous tous et « arrêtez de vous chicaner » comme dirait ma moman ! »
En termes clairs, cessons cette « querelle des Anciens et des Modernes » et envisageons des pistes de conciliation qui tiennent compte des acquis du passé et des idées nouvelles !
vigile.net tribune libre 21 août 2011
Henri Marineau

