Félix en tournée
Pour souligner le 100ième anniversaire de la naissance de Félix Leclerc en 2014, sa fille Nathalie, directrice générale de l’Espace Félix-Leclerc, situé à Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans, est à mettre sur pied une exposition itinérante dont l’objectif est d’abord de faire connaître aux jeunes du Québec son illustre père.
Lorsque Félix s’est éteint il y a 23 ans, Nathalie, alors âgée de 19 ans, craignait que le souvenir de son père ne soit oublié. Même si, avec les années, elle constate avec joie que l’œuvre de son père passe à travers le temps, elle souhaiterait que les écoles du Québec le fassent découvrir davantage aux jeunes…ne serait-ce que de leur faire la lecture de quelques textes de celui qui a été le premier chansonnier québécois à se produire en Europe !
En remettant « Félix en tournée » à l’occasion de cette exposition itinérante, peut-être que Nathalie arrivera à faire entrer enfin son père dans les enceintes des salles de classes de ce pays du Québec que Félix a tant chanté !
À titre d’exemple, je vous offre cette chanson, intitulée « Un soir de février » :
Un soir de février
En mille sept cent soixante
Il gelait à pierre fendre
Au fort Stadaconé
Les colons morfondus
De s’être tant battus
Ont fermé les battants
Des portes d’la rue Saint-Jean
Au diable les Habits rouges,
On finira la guerre demain
Les Anglais sont gelés durs
À l’Île-aux-Oeufs quequ’ part au loin
À soir on prend un verre de rouge,
On s’déclame du Voltaire
La bouche de nos canons
Dit non et a raison
C’était mal calculé
Les Anglais par milliers
Escaladent le cap
Et installent leur trappe
Les Français réveillés
En queue d’chemise dehors
Se sont fait massacrer
Le vent v’nait d’virer d’bord
En mille huit cent soixante
Nous ne sommes plus chez nous ici
Mais quand même, on tient l’coup
À coup d’berceau et d’génie
On nous a pris nos places,
Nos écoles, nos espaces
Le chien ronge son os, mordu,
Mordra le temps venu
Le temps venu est v’nu
Un soir de février
L’affaire était convenue
Pendant la partie d’hockey
Demain grasse matinée
Après demain dimanche
Deux journées de congé
Les Anglais font bombance
Nous étions six millions
À pas suivre la joute
À la télévision
Et personne sur les routes
Sur la pointe des pieds
On a fait comme eux autres
Pris possession des clés
Des ponts, des villes, de tout
Quand y s’sont réveillés
Cernés de tous côtés
En queue d’chemise aussi
Sous leur gros parapluie
Ils se sont inclinés
Coup d’état réussi
Même que l’Premier a dit
Baptiste, r’prends ton pays
L’épilogue de l’histoire,
C’est pas d’avoir perdu Québec
Qui a mis nos amis Anglais
En beau sifflette
Z’ont perdu la partie
La Coupe finale à Montréal
Mais gagné notre esprit
Depuis qu’ils parlent joual
vigile.net tribune libre 3 août 2011
quebechebdo 4 août 2011 (version abrégée)
Henri Marineau

