JMA le modéré
L’article de Marie-Claude Lortie paru dans La Presse du 1er mars relatant sa rencontre à Montréal avec Jean-Martin Aussant m’a laissé un goût amer sur la modération quasi systématique de l’ex-chef fondateur d’Option nationale sur les sujets abordés dans l’entrevue.
À part les rares occasions où il effleure les avantages de l’indépendance, JMA affiche une attitude désespérément prudente sur des sujets tels la charte des valeurs où il endosse la position du PLQ tout en demeurant « flexible » pour le reste, ou sur le débat des chefs où il ne veut pas jouer « les gérants d’estrade ». « L’idée que l’ancien chef d’Option nationale donne son opinion le dérange. Va-t-on prendre cela comme une directive, va-t-on croire qu’il veut influencer le cours des choses indûment ? »
Des questions qui me laissent voir un JMA que je n’ai pas connu du temps où il affichait clairement ses positions sur les sujets liés à l’indépendance du Québec. Difficile de reconnaître le JMA flamboyant et convaincu de ses valeurs et de ses convictions devant la présentation d’une version « délavée » de l’indépendantiste, lui qui avait su créer une si forte mobilisation de jeunes autour d’ON.
Toutefois, on voit poindre une lueur d’espoir quand il aborde les politiques d’austérité du gouvernement Couillard : « Parfois on fait des coupes trop creuses qui représentent des économies à court terme, mais finissent par coûter encore plus cher. », alléguant, entre autres, les coupes dans les programmes d’aide économique dans les régions ou les changements de tarification des services de garde.
Autre sujet, l’éducation, où il revient sur la gratuité de l’éducation à tous les degrés : « C’est le meilleur investissement possible », dit l’économiste. « Les impôts des gens formés valent beaucoup plus que ce que ça a coûté de les éduquer. Aussi, les sociétés plus éduquées sont moins malades et plus responsables sur le plan environnemental. »
Mais là où le bât blesse avec acuité, c’est lorsque JMA déclare : « Je n’ai pas honte d’être canadien. Ça ne me dérange pas. Mais on serait mieux indépendants, à décider nous-mêmes. » Et pour ajouter encore davantage de glaçage sur le gâteau, il persiste et signe à la fin de l’entrevue : « On n’est pas mal au Québec. Et j’insiste, je ne me plains pas d’être canadien. »
Eh bien là, j’avoue que les deux bras m’ont tombé…Comment JMA, un indépendantiste aussi convaincu, peut-il déclarer sans rougir de telles sornettes? D’où vient cette subite ouverture aux « bienfaits d’être canadiens »? L’ex-chef d’ON aurait-il subit une métamorphose au multiculturalisme? Il est plus que temps que vous reveniez à la maison M Aussant avant que vous n’oubliiez complètement les raisons qui vous ont amené en politique…à moins que ce ne soit déjà trop tard!
quebechebdo 2 mars 2015
vigile.net tribune libre 2 mars 2015
Henri Marineau

