La journée « sans Facebook »
Selon certaines données, Facebook, créé en 2004, regroupe 1,4 milliard d’abonnés actifs et a généré en 2014 des revenus de 12,5 milliards de dollars, en croissance de 58 % année après année…Des chiffres astronomiques qui ont probablement donné l’idée à certains penseurs de créer la journée mondiale « sans Facebook » qui se tient le 28 février. Au Québec, c’est 70 % des internautes qui répondent à l’appel de cette socialisation à grands coups de « j’aime » et de microcommentaires versés sur une base quotidienne par les quelque 50 % des abonnés qui ne peuvent passer plus de 24 heures sans s’y rendre.
Mais, qu’en est-il des marginaux ? Selon le philosophe Benoît Castelnerac, « ce n’est pas parce que l’on ne se trouve pas à l’endroit où tout le monde semble avoir établi sa communication que l’on disparaît. La simple conscience de son existence suffit pour exister. Mais à une époque où l’on confond le fait d’exister avec celui de communiquer, il est possible de l’oublier. »
Aux dires du dramaturge Olivier Choinière, « on n’existe pas sur Facebook. Facebook n’offre pas d’occasion d’existence, c’est-à-dire le simple fait d’être. Sur Facebook, on a cruellement besoin du regard et de l’approbation des autres. Cette existence, si elle en est une, passe par l’autre, dans une sorte de relation de dépendance affective assez pathétique ».
Bien sûr, ces quelques réflexions n’arriveront pas à arrêter l’évolution du phénomène Facebook. Toutefois, j’ose espérer qu’elles contribueront un tant soit peu à recentrer la communication personnelle sur le ton d’une voix, l’éclat d’un sourire, les appels du silence, la chaleur d’une main posée sur l’épaule, enfin cette communication non-verbale essentielle complètement absente de Facebook.
quebechebdo 28 février 2015
Le Journal de Québec 3 mars 2015
Henri Marineau

