La tour de Babel

Si on demandait aux Québécois s’ils désirent devenir indépendants ou demeurer dans le Canada, quelle serait leur réponse? Bien malin celui qui pourrait répondre avec certitude à cette question.

À mon avis, il est là le problème identitaire québécois. À cet effet, le texte laconique de Félix Leclerc « Interdire la langue française au Québec » est révélateur. En voici un extrait :

« …La langue française devrait disparaître du Québec,
s’en aller et ne plus revenir comme une mère qui s’en va.
L’interdire pour un an.
Puisqu’on n’en veut pas. Qu’on en a honte.
Et qu’on la traite avec ses trois siècles sur le même pied
qu’une autre langue avec ses trois ans.
Nous méritons tous qu’elle s’en aille.
Plus de français nulle part…
Fini, interdit et même payer l’amende si on la parle.
Nous la découvririons peut-être
et à six millions
l’imposerions logiquement et sans heurt,
comme chez tous les peuples du monde où la langue
de la majorité est la seule officielle.
À la Tour de Babel, elles étaient toutes officielles,
de là, la confusion… »

Le Québec, province du Canada, vit dans une Tour de Babel, dans l’utopie d’un pays bilingue, le dernier affront en lice de Stephen Harper étant la nomination d’un ministre des Affaires étrangères unilingue anglophone. C’est ce qu’on appelle se faire passer un sapin dans le sens de la longueur! Pourtant, à part quelques mots de protestations plutôt discrets, l’imposture de Harper est passée comme du beurre dans la poêle.

On pourrait faire une longue liste de ces exemples ignominieux de la part du ROC face à l’identité du Québec depuis des décennies et pourtant, les Québécois continuent de se laisser manger la laine sur le dos, emmaillotés dans la ouate du sacrosaint bilinguisme, une attitude qui laisse dans la gorge un arrière-goût de colonialisme invétéré, une soumission viscérale dont on semble incapable de se départir.

Pour revenir au texte lapidaire de Félix, les Québécois ne réagiront à la fragilité de leur langue que le jour où elle sera menacée de disparition. Et peut-être, à ce moment-là, pourrions-nous nous  joindre à Félix : « Nous la découvririons peut-être et à six millions l’imposerions logiquement et sans heurt, comme chez tous les peuples du monde où la langue de la majorité est la seule officielle »

En attendant, la réponse à la question posée au début de ce billet demeure entière…

quebechebdo 19 février 2015
 

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