Les conditions gagnantes
Depuis des décennies, Lucien Bouchard nous rabâche les oreilles avec les mots qui sont devenus son leitmotiv, « les conditions gagnantes », attendre les conditions gagnantes avant de consulter la population du Québec par référendum sur son accession à l’indépendance. Mais dans les faits, quelles sont ces conditions gagnantes? Aux yeux de Lucien Bouchard,
les « conditions gagnantes » font référence à l'absence de conditions favorables pour un éventuel référendum sur la souveraineté du Québec, lequel serait déclenché lorsque le Québec aurait atteint ses objectifs de rétablissement économique, notamment le « déficit zéro », un objectif économique prioritaire de Lucien Bouchard, sa réalisation étant considérée comme une condition gagnante pour l'avenir politique du Québec.
Dans cette foulée, lors d’une récente entrevue radiophonique, l’ex-premier ministre péquiste a invité Paul St-Pierre Plamondon à revoir son engagement de tenir un référendum dans le premier mandat d’un gouvernement du PQ. « Il n’y a pas beaucoup de partis, de formations politiques québécoises, qui ont été élus avec l’engagement de faire un référendum. Parce que ça devient un enjeu électoral », a soutenu M. Bouchard tout en ajoutant du même souffle le caractère « dramatique » d’une troisième défaite.
Dans les circonstance où le gouvernement du Québec prévoit un déficit de 7,3 milliards de dollars pour l'exercice financier 2024-2025, il devient utopique d’espérer atteindre le déficit zéro dans un avenir rapproché, tout au moins dans un contexte politique où le gouvernement du Québec se retrouve souvent empêtré dans les restrictions imposées par le gouvernement fédéral dans ses propres juridictions.
Enfin par delà les conditions gagnantes qui s’érigent tel un épouvantail référendaire, il m’apparaîtrait pertinent, voire essentiel de se tourner avec confiance et lucidité vers la pensée de Sénèque, philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge et homme d'État romain du premier siècle : « Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur ».
vigile.quebec tribune libre 5 septembre 2025
Henri Marineau

