Un « cadeau de grec » pour les commissaires

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le dernier-né du gouvernement Marois, la Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012, connaît un départ plutôt chancelant. À cet effet, je vous cite un extrait de l’allocution du ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, présentée lors de l’annonce officielle de la création de cette Commission :

« L’attitude du gouvernement du parti libéral a mené à un dialogue de sourds qui n’a fait qu’accroître la tension, y compris entre les étudiants, ce qui a entraîné une judiciarisation du conflit….Et plus encore, désireux de mâter le mouvement de grève, le gouvernement est allé jusqu’à faire adopter sous bâillon le projet de loi 78. Toutes ces actions n’ont donné aucun des résultats escomptés. Au contraire, les manifestations se sont amplifiées… ».

Du même souffle, le ministre Bergeron annonce que la Commission analysera les « techniques utilisées par les forces policières », les « méthodes des agitateurs », et tous les facteurs, y compris politiques, ayant contribué aux débordements et aux violences entourant la crise.

Difficile de croire que, dans une telle conjoncture, il appartiendra à la « Commission seule » de déterminer s’il existe des causes politiques à ce conflit alors que le ministre responsable de ce dossier se lance, dès sa création, à des attaques en règle contre le gouvernement précédent.

En réalité, si le gouvernement Marois, dont plusieurs membres actuels ont pris position pour les étudiants lorsqu’ils étaient dans l’opposition en arborant le carré rouge, présuppose [à raison] que le gouvernement précédent a erré dans la gestion de la crise étudiante et que le ministre péquiste actuel de la Sécurité publique « biaise » au départ l’orientation de la Commission, il m’apparaît qu’il y a là tout au moins une « erreur stratégique » de la part du ministre.

De plus, cette Commission, qui tiendra ses audiences à huis clos, est bien loin de l’enquête réclamée depuis six mois par plusieurs groupes sociaux, entre autres les fédérations étudiantes, qui réclamaient une commission d’enquête publique. En effet, son mandat se résume à « éclairer le gouvernement sur les manières de détecter les signes avant-coureurs d’éventuels troubles sociaux et sur les meilleures façons d’y réagir pour maintenir la paix sociale à l’avenir » et ce, sans aucun pouvoir coercitif auprès des responsables de la crise sociale vécue au Québec au printemps 2012.

En bref, cette Commission, présidée par l’ancien ministre péquiste, Serge Ménard, appuyé par l’ex-juge, Bernard Grenier, et de l’ex-présidente de la CSN, Claudette Charbonneau, se voit attribuer par le gouvernement Marois un espèce de « cadeau de grec » dans lequel les dés donnent l’impression d’être pipés à l’avance. Quoi qu’il en soit, il ne reste plus qu’à attendre son rapport qui devra être remis au ministre Bergeron d’ici le 20 décembre 2013.

vigile.net tribune libre 11 mai 2013

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