Une invitation à la rigueur intellectuelle

Ce que j’ai surtout retenu de l’article de Pierre Cloutier publié sur cette tribune le 18 avril sous le titre « À qui profite le crime ? », et qui peut s’appliquer particulièrement dans le domaine politique, c’est le dernier item de son argumentaire, à savoir : « Notre premier devoir comme citoyen est d’avoir le courage minimal et la rigueur intellectuelle de ne pas gober automatiquement tout ce qu’on essaie de nous présenter comme des vérités incontestables. »

Une rigueur intellectuelle qui nous ramène au « cogito ergo sum » [je pense donc je suis] de Descartes qui, ayant entrepris de repenser entièrement la philosophie sur des bases solides, met en œuvre un « doute méthodique », consistant à éliminer tout ce qui n’est pas absolument certain.

Le dernier exemple de la liste des « vérités incontestables » qu’un certain politicien manipulateur essaie de faire « gober » aux Québécois réside dans le débat suscité par Frédéric Bastien sur le rapatriement de la Constitution dans son livre « La bataille de Londres ».

Et la liste pourrait se poursuivre indéfiniment…Toutefois, là où le bât blesse avec acuité, c’est que les Québécois ont souvent tendance à se laisser envoûter par les « beaux parleurs » maniant la langue avec beaucoup de bagou, tel le père de l’autre auquel je réfère dans le paragraphe précédent. À titre d’exemples, je vous reporte à ces deux extraits du « célèbre » discours de Pierre-Elliott Trudeau prononcé au Centre Paul-Sauvé le 14 mai 1980 : « Je sais que je peux prendre l’engagement le plus solennel qu’à la suite d’un NON, nous allons mettre en marche immédiatement le mécanisme de renouvellement de la Constitution et nous n’arrêterons pas avant que ça soit fait. » Curieux comme l’histoire se répète d’une génération à l’autre dans la famille Trudeau, non ?

« Si je m’adresse solennellement à tous les Canadiens des autres provinces, nous mettons notre tête en jeu, nous, députés québécois, parce que nous le disons aux Québécois de voter NON, et nous vous disons à vous des autres provinces que nous n’accepterons pas ensuite que ce NON soit interprété par vous comme une indication que tout va bien puis que tout peut rester comme c’était auparavant. Nous voulons du changement, nous mettons nos sièges en jeu pour avoir du changement ». Remarquez l’utilisation des mots « l’engagement solennel » et « je m’adresse solennellement… » Des termes qui s’adressent aux émotions des spectateurs… Et le changement promis, certains Québécois l’attendent encore !

Enfin, pour revenir à la conclusion de l’article de Pierre Cloutier, je la perçois comme une sage mise en garde contre les « apparences » de vérités dans lesquelles excellent de nombreux politiciens, et une invitation à développer le sens critique nécessaire à toute prise de décision à laquelle nous sommes confrontés, particulièrement quand l’avenir de notre nation est en jeu.

vigile.net tribune libre 20 avril 2013

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