L’art de pelleter par en arrière
Au moment où la légitimité du rapatriement de la Constitution de 1982, dirigé habilement par Pierre-Elliot Trudeau, est remise en question par les révélations troublantes de l’historien Frédéric Bastien dans son livre intitulé « La bataille de Londres », le fils de l’ancien premier ministre libéral, Justin, sans surprise, est élu chef du PLC, soit 45 ans après que son père soit désigné au même titre.
Rappelons d’abord que l’ouvrage de M. Bastien jette un éclairage nouveau sur les manoeuvres du gouvernement fédéral lors du rapatriement de la Constitution, particulièrement sur le fait qu’il y a eu ingérence du pouvoir judiciaire dans les affaires politiques, alors que le juge en chef de la Cour suprême du Canada, Bora Laskin, aurait transmis de l’information sur l’état des délibérations des juges aux gouvernements canadien et britannique dans les mois précédant le rapatriement de la Constitution, ce geste constituant une atteinte sérieuse au principe de la séparation des pouvoirs dans le système parlementaire de type britannique.
Qu’à cela ne tienne, le nouveau dauphin à la tête du PLC, s’adressant directement aux Québécois qui, soit dit en passant représentent seulement 12% des votes reçus par Justin Trudeau, clame qu’il faut « laisser de côté les chicanes et les débats qui alimentent la grogne » en plus d’ajouter, pour étendre un peu de glaçage sur le gâteau, qu’il « souhaite que les Québécois deviennent, à nouveau, des bâtisseurs du Canada…[qui] veulent travailler avec les Canadiens qui partagent leurs valeurs pour bâtir un pays meilleur pour nos enfants », sans oublier d’ajouter un peu d’émotion à la pâte en lançant langoureusement avoir été touché par les conversations qu’il a eues dans la province au cours des derniers mois.
Et, pour agrémenter son gâteau, le fils de l’autre, de qui il a très bien appris la leçon de la « petite séduction », y ajoute la cerise en lançant candidement : « Je ne prends rien pour acquis. Je sais que la confiance, ça doit se mériter. Et je compte bien mériter la vôtre… Le Canada est un grand projet inachevé. Et c’est à nous, avec tous les autres Canadiens, d’en faire le pays que nous voulons. Le temps est venu pour nous d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de notre pays ».
Enfin, puisqu’il faut bien parler un peu politique, Justin Trudeau soutient que la « politique positive » qu’il présentera, par opposition à celle, négative, du PC et du NPD, aidera le PLC à regagner le pouvoir…un appel au ralliement des troupes dont la vacuité n’a d’égale que le reste de son discours.
Eh bien, M. Trudeau, bienvenue à table…Maintenant que le gâteau des anges est servi, nous attendons le contenu de la recette et nous sommes suspendus aux lèvres des convives pour connaître leur opinion sur le goût qu’il laisse dans leur bouche !
vigile.net tribune libre 15 avril 2013
quebechebdo 15 avril 2013 "Justin Trudeau – L'art de pelleter par en arrière"
Henri Marineau

