L’éléphant accouche d’un oeuf de mouche
« Regardons les choses en face, utilisons les bons mots, nous voulons l’indépendance ! » a lancé Bernard Landry en clôture des États généraux sur la souveraineté du Québec qui réunissait 630 militants le 6 avril à Québec après que la grande assemblée des « États généraux sur la souveraineté » ait adopté une résolution pour créer une organisation permanente qui portera le nom « d’États généraux de l’indépendance »…une conclusion qui donne l’impression d’un éléphant qui accouche d’un œuf de mouche !
Or, il y a plus d’un an, soit le 14 mars 2012, je publiais sur cette tribune un article intitulé « Souveraineté ou indépendance ? » qui faisait état d’un échange de communication avec Jean-Martin Aussant concernant l’ambiguïté entre les deux termes. Sa réponse avait été sans équivoque : « Le dictionnaire nous ramène à la même chose, qu’on parle de souveraineté ou d’indépendance : Souveraineté : indépendance de l’État. Indépendance : souveraineté nationale. Alors vous comprendrez que je considère qu’on ne devrait pas s’entre-déchirer à ce sujet. Parlons de faire un pays et tout le monde saura où on loge ».
Le 6 avril 2013, le chef d’Option nationale revient à la charge dans son discours de clôture devant les militants : « Quand le PQ dit : « Élisez-nous et si le moment est opportun, on fera le référendum », c’est comme si le Parti vert disait : « Élisez-nous et si le moment est opportun, on s’occupera d’environnement »
Par ailleurs, dans un autre ordre d’idées, JMA a répété son appel à des alliances stratégiques dans le contexte d’un système électoral uninominal à un tour : « Avant le 4 septembre, la porte vers un front uni n’a pas été fermée par Option nationale, mais par des gens qui disaient qu’ils manquaient de temps. Si on ne veut pas donner la même excuse la prochaine fois, il faut commencer à se parler maintenant. La porte est grande ouverte chez nous ».
Une stratégie appuyée d’ailleurs par le président du Conseil de la souveraineté du Québec, Gilbert Paquette : « Mon opinion, c’est que c’est fini l’époque où la souveraineté n’était l’affaire que d’un seul parti. Je souhaite une alliance électorale, des pactes de non-agression pour obtenir une majorité de députés souverainistes à la prochaine élection ».
En ce qui a trait au ministre délégué à la gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, il a plutôt fait preuve d’une « timide prudence » en ne lançant aucun appel à des alliances entre le PQ et d’autres partis mais s’est contenté d’inviter les militants à se joindre à son parti, ce à quoi le chef d’Option nationale a répliqué : « Le problème, c’est que le PQ voit l’unification seulement dans son église. Ça me fait de la peine quand le PQ dit que, si vous voulez la souveraineté, vous devez venir chez nous. C’est comme s’il ne réalisait pas que les souverainistes ne sont pas tous au PQ ».
En bref, il me semble que la grande Assemblée des États généraux sur la souveraineté du Québec se soit étendue longuement sur une guerre de mots futile alors que les vraies choses aient été abordées par Jean-Martin Aussant, « en clôture », à savoir l’unification des forces souverainistes au moyen d’alliances stratégiques.
En passant, tant qu’à utiliser les « bons mots » comme le réclame Bernard Landry, peut-être que Pauline Marois pourrait changer sa gouvernance souverainiste pour la « gouvernance indépendantiste » !
vigile.net tribune libre 8 avril 2013
Commentaire:
"Ma conjointe suédoise me demande "c'est quoi l'affaire avec le mot souverainiste et indépendantiste ? Je lui dis, pour faire court, imagine que nous avons une bande d'amis, "notre devise est "le bonheur est dans l'assiette". On se rassemble une fin de semaine pour parler de notre avenir culinaire, puis on arrive à la
conclusion que le mot "bonheur" ne sera plus utilisé, car le mot "plaisir" est plus à propos. Par la suite nous annonçons fièrement, nous, le groupe ayant la devise "Le bonheur est dans l'assiette" que le mot bonheur sera remplacé par "plaisir". On a bien ri !"
Sylvain Racine
vigile.net tribune libre 8 avril 2013
Henri Marineau

