C’est quoi le rapport?

10 avril 2024

Un proverbe dit qu’«une image vaut mille mots». Dans la foulée de cet adage, depuis six mois, des images apocalyptiques nous proviennent de Gaza. Des centaines de milliers de Gazaouis y sont entassés à travers les ruines, privés des besoins vitaux élémentaires, telles l’eau et la nourriture. La famine, imperturbable, frappe à leur porte. Des images indescriptibles!

Pendant ce temps, ici au Québec, notre premier ministre apparaît sur Tik Tok en train de bouffer un bon fufu sauce graine. Comme diraient les jeunes, «mais c’est quoi le rapport?» Quelle image François Legault désire-t-il nous faire voir? En quoi est-elle pertinente eu égard à sa fonction de premier ministre du Québec dans un contexte où les programmes sociaux périclitent sans coup férir?

Si François Legault désirait redorer son image en s’exhibant dans la peau d’un citoyen ordinaire, il a, selon moi, complètement raté la cible. Je suis plutôt d’avis qu’une telle exposition «publicitaire» n’aura aucun effet positif dans les sondages. Enfin, si monsieur Legault ne prend pas le temps de répondre aux questions légitimes des journalistes concernant des dossiers «chauds», il m’apparaît incongru qu’il prenne le temps de flirter avec la gastronomie sur Tik Tok.

vigile.quebec tribune libre 10 avril 2024

La peur systémique des Québécois

10 avril 2024

C’est Sénèque, philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge et homme d'État romain du premier siècle, qui disait que «Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur».

Dans cette foulée, force est de constater que l’assertion de Sénèque prend tout son sens dans la décision de plusieurs Centres de service scolaires de fermer les écoles à l’occasion de l’éclipse solaire par peur de blessures oculaires et ce, malgré toutes les précautions formulées par les organismes de santé publique. Ce faisant, des milliers de jeunes Québécois ont été privés d’un phénomène astral phénoménal et historique.

À cet effet, tous les spécialistes invités à l’émission 24/60 sur ICI RDI du 8 avril, dont Charles Tisseyre, se sont montrés unanimes pour condamner la décision des directions d’écoles de fermer leur école en cet après-midi historique

Le 8 avril 2024 s’inscrit maintenant pour des milliers de jeunes Québécois dans la lignée des occasions manquées en raison de cette peur systémique des Québécois. Puisse un jour notre peur se transformer en audace, seule attitude qui ouvrira la porte de l’univers à notre jeunesse assoiffée de savoir!


vigile.quebec tribune libre 10 avril 2024
 

Dehors les personnes âgées!

7 avril 2024

C’est bien connu, les personnes âgées incarnent le maillon faible de notre société dite «civilisée», l’hécatombe dans les CHSLD lors de la pandémie en fait foi sans l’ombre d’un doute. Par ailleurs, nous vivons actuellement une des pires crises du logement que le Québec n’ait jamais connue. Et, au centre de cette crise, des aînés se voient évincés cavalièrement par des propriétaires sans scrupule ni aucun sens du civisme.

Dans cette saga, Gabriel Nadeau-Dubois (GND), chef parlementaire de la deuxième opposition et député de Gouin, a entrepris une vaste sensibilisation en faveur des droits des personnes âgées. Au cours des dernières semaines, un large consensus a pris forme autour de l’urgence de moderniser la loi adoptée en 2016, surnommée loi Françoise David, afin de protéger plus d’aînés locataires contre les évictions. Le programme modifié étendrait la loi actuelle aux personnes âgées de 65 ans ou plus qui vivent à la même adresse depuis au moins cinq ans, contre 70 ans et 10 ans, respectivement, dans la loi actuelle.

Pour l’instant, François Legault fait la sourde oreille au projet de GND. Encore une fois, le maillon faible de notre société recueille les pots cassés, assaillis honteusement par des propriétaires voraces et insensibles sans coup férir. Conséquemment, il est plus que temps, M.Legault, que vous preniez acte dès maintenant d’une telle ignominie envers les personnes âgées, et que vous soumettiez la proposition de GND à une commission parlementaire sur laquelle des représentants des aînés pourraient apporter leur expertise réaliste de la situation catastrophique dans laquelle sont appelées à vivre de nombreuses personnes âgées au Québec en 2024.

vigile.quebec tribune libre 6 avtil 2024

Dans l’ombre du déficit

7 avril 2024

Depuis quelques jours, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, multiplie les programmes d’aide aux Canadiens, notamment aux jeunes générations. Nonobstant l’ingérence manifeste d’Ottawa dans les champs de compétences des provinces eu égard à la plupart de ces programmes, un des arguments clés de Justin Trudeau consiste à offrir une chance équitable pour chaque génération.

«Le logement est l’une des principales sources de préoccupation pour les jeunes à l’heure actuelle. C’est particulièrement vrai pour les locataires, qui ont l’impression que tout joue contre eux. Ils sont confrontés à des loyers qui montent en flèche, à des rénovictions, à une concurrence déloyale et à un manque d’options», dixit Justin Trudeau.

Personne n’est contre la vertu…En revanche, ce dont le premier ministre oublie de parler, c’est de l’énormité des dépenses occasionnées par ces investissements, lesquelles feront grimper le déficit du gouvernement canadien à des sommets jamais égalés. Et qui devra payer ce déficit, y compris les intérêts? Ce sont les mêmes jeunes générations auxquelles Justin Trudeau avait promis l’équité intergénérationnelle.

vigile.quebec tribune libre 6 avril 2024
Le Soleil (version numérique) 7 avril 2024

Pour une demande d’expansion de la LNH

4 avril 2024

En mai 1995, le président des Nordiques, Marcel Aubut, annonce la vente des Nordiques de Québec. Après 23 saisons à Québec, l'aventure se termine abruptement, mettant ainsi fin à la belle histoire d'amour entre les nombreux supporters et leur équipe de hockey. Depuis lors, le fantôme des Nordiques ne cesse de réapparaître sporadiquement dans le paysage du commissaire de la LNH, Gary Bettman. Par ailleurs, en janvier 2024, un groupe de Salt Lake City a demandé formellement à la LNH d’entamer un processus d’expansion, suivi en mars 2024 d’un groupe d’Atlanta.

Du côté de Québec, en novembre 2021, le premier ministre François Legault annonce que son ministre des Finances, Eric Girard, allait piloter le dossier du retour éventuel des Nordiques. En décembre 2021, lors de la rencontre des gouverneurs de la LNH à Palm Beach, Gary Bettman, se montre vague sur sa rencontre à venir avec le ministre Girard. «Je pense que j’ai une rencontre avec le premier ministre. Si j’ai tort, je m’en excuse auprès du ministre. Je ne me rappelle pas la date et je ne connais pas les détails de ce dont ils veulent me parler. Je suis toujours heureux quand un leader politique veut me rencontrer», avait-il lancé sans grande conviction.

Les quelques rencontres entre Gary Bettman et Éric Girard se sont déroulées dans un climat de courtoisie, sans plus. De longue date, je suis persuadé que le commissaire Bettman n’a jamais été chaud à l’idée d’une équipe de Québec au sein de la LNH, ses préférences étant nettement orientées vers les marchés américains.

Conséquemment, je suis d’avis que les promoteurs intéressés par le retour d’une équipe de la Ligue nationale de hockey à Québec demandent au circuit de lancer un processus d’expansion. La ville de Québec, en plus de posséder une enceinte équipée pour accueillir une équipe professionnelle, est une pépinière fertile en fans inconditionnels du hockey. Alors, vivement une demande formelle d’expansion de la LNH!

vigile.quebec tribune libre 4 avril 2024
Le Soleil (version numérique) 5 avril 2024

L’IA doit être au service de l’être humain

4 avril 2024

Alors que l’intelligence artificielle (IA) évolue à une vitesse grand V, sommes-nous en train d’oublier qu’elle est le produit du cerveau humain? En conséquence, peut-être aurions-nous avantage à prêter une oreille attentive aux nombreux experts qui nous invitent à la prudence eu égard à l’évolution fulgurante de l’IA dans nos vies de tous les jours.

Certes, l’IA contribue à la progression de la société, notamment en recherche scientifique. Par ailleurs, nous savons déjà que le développement de l’IA entraînera des pertes d’emploi, que nos données personnelles seront encore plus menacées et que les armes gagneront en autonomie. Au-delà de ces problématiques, une chose m’inquiète au plus haut point: comment l’humain sera-t-il affecté? En nous en remettant de plus en plus à l’IA, conserverons-nous la capacité d’exercer notre jugement et de prendre des décisions? En exerçant de moins en moins son jugement, l’humain risque-t-il de perdre cette habileté?

Des questions qui me laissent perplexe devant les dangers de perdre le contrôle sur notre vie de tous les jours sans coup férir. À cet effet, en tant qu’ancien enseignant, je suis préoccupé par les avancées de l’IA dans le monde de l’éducation, notamment eu égard au plagiat qui risque de s’infiltrer sournoisement dans les productions écrites des élèves.

Enfin, considérant le nombre illimité de champs d’application dans lesquels l’IA s’infiltre, il est plus que temps pour les politiciens de s’impliquer dans l’élaboration d’un encadrement de l’IA et d’une surveillance accrue des géants qui en ont le contrôle. En termes clairs, l’IA doit être au service de l’être humain et non l’inverse.

vigile.quebec tribune libre 4 avril 2024
Le Devoir 9 avril 2024 "L'intelligence artificielle doit être au service de l'être humain"

Assisterons-nous au démantèlement de la CAQ?

2 avril 2024

La Coalition avenir Québec (CAQ) voit officiellement le jour le 14 novembre 2011 inspirée par Charles Sirois et François Legault qui ont avancé l’idée de regrouper des libéraux fédéralistes et des péquistes souverainistes autour de la notion de nationalisme, et dont l’allégeance s’était fragilisée au cours des dernières décennies. À l’issue du scrutin du 1er octobre 2018, la Coalition avenir Québec est appelée à former un gouvernement majoritaire. Puis, suite à une victoire décisive lors des élections de 2022, la CAQ forme un deuxième gouvernement majoritaire avec 90 députés.

Or, à mi-chemin de son deuxième mandat, les sondages révèlent que la CAQ de François Legault se retrouve au quatrième rang des partis eu égard aux intentions de vote au scrutin de 2026. Entre autres causes, le gouvernement Legault multiplie les tergiversations autour du troisième lien entre Québec et Lévis. De surcroît, il va de l’avant avec le projet d’usine de batteries suédoise Northvolt en contournant sans coup férir l’évaluation du BAPE.

Du côté des relations fédérales-provinciales, François Legault, quoique dans une position de force au Québec avec 72% des députés, fait face à des refus systématiques de la part d’Ottawa, notamment en santé et en immigration. Le nationalisme de François Legault se voit confronté à une démobilisation croissante de la part de ses militants caquistes qui zieutent de plus en plus du côté de leur ancien parti d’origine.

La CAQ s’enlise dans les sondages. Elle frappe le mur impitoyable de l’usure du pouvoir. Le nationalisme que François Legault avait mis de l’avant en tant que carte maîtresse a perdu sa valeur d’échange intermédiaire entre le fédéralisme et le souverainisme. Dans un tel contexte, comment réagira François Legault dans l’hypothèse d’une défaite cuisante en 2026? Dans un tel cas, assisterons-nous au démantèlement de la CAQ?…

Le Soleil (version numérique) 2 avril 2024
vigier.quebec tribune libre 2 avril 2024
 

Laxisme du ministre Carmant

31 mars 2024

J’ai suis toujours demeuré un peu perplexe dans la façon dont le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, gère ses dossiers, notamment son manque d’assurance quand vient le temps de les défendre en point de presse ou à l’Assemblée nationale lors de la période des questions.

Dernièrement, à la suite d’un refus d’accès de la députée solidaire Christine Labrie au Centre de réadaptation pour jeunes en difficulté d’adaptation de Val-du-Lac, le ministre des Services sociaux a fait valoir qu'une telle initiative est une «fausse bonne idée».«Parler aux jeunes, ce n'est pas nécessairement quelque chose qu'on doit faire, ce n'est pas quelque chose que moi-même je désire faire. On parle de jeunes qui sont en Protection de la jeunesse. Ce n'est pas des jeunes qu'on croise dans la rue, je pense qu'il faut vraiment mettre les choses en perspective ici», a allégué le ministre à l’Assemblée nationale. De surcroît, son cabinet précise que, lorsque Lionel Carmant se rend dans un centre jeunesse, ce n’est pas pour parler aux jeunes, mais aux intervenants et aux gestionnaires.

Tout laisse à croire qu’une certaine loi de l’omerta à peine voilée règne dans certains centres jeunesse pour jeunes en difficulté d’adaptation. Or, ces jeunes, pour la plupart des ados, sont les mieux placés pour exprimer ouvertement leurs états de santé physique et psychologique au sujet desquels les élus pourraient les interroger, et peut-être, entreprendre une route vers des pistes de solutions à leurs difficultés d’intégration.

À mon avis, les jeunes qui fréquentent ces centres doivent bénéficier d’un milieu de vie où ils ont espoir d’apercevoir le bout du tunnel, et non pas être traités comme des détenus exclus de toute communication avec l’extérieur. Conséquemment, monsieur Carmant, cessez votre laxisme improductif et ouvrez la voie au cheminement productif de ces jeunes en difficultés et qui ne demandent rien de moins que d’être écoutés.

vigile.quebec tribune libre le 30 mars 2024


 


 


 

L’ingérence, vous connaissez, monsieur Trudeau?

30 mars 2024

Sans l’ombre d’un doute, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, prépare le terrain en vue de la prochaine campagne électorale en annonçant divers nouveaux programmes, notamment sur les soins dentaires, la crise du logement, les immigrants temporaires et les garderies qui sont tous de compétence provinciale.

Nul doute que Justin Trudeau constate que son adversaire, Pierre Poilievre, domine en popularité dans les derniers sondages et qu’il a choisi la voie du «bon père de famille» envers «tous» les Canadiens d’un océan à l’autre. Quant à son empiétement manifeste dans les compétences provinciales, il fait le pari que les Canadiens, y compris les Québécois, accueilleront dans cette largesse les crédits supplémentaires qui seront versés dans leurs poches.

Or, la Constitution a clairement délimité les divers champs de compétence entre le fédéral et les provinces et ce partage fait foi de loi. Justin Trudeau aura beau invoquer sa «sympathie» envers les Canadiens qui sont aux prises avec une crise du logement, il ne peut faire fi des lois. Il appartient de facto aux provinces de gérer les domaines qui lui ont été octroyés par la Constitution.

Clairement, monsieur Trudeau veut «se refaire une beauté» avant la prochaine campagne électorale dont l’échéance arrive bientôt. En s’ingérant de la sorte dans les compétences provinciales, il attise l’ire des premiers ministres provinciaux qui, pour la plupart, sont très frileux quand il s’agit d’ingérence dans leurs champs de compétences. Justin Trudeau a emprunté un sentier semé d’embûches… A-t-il fait le bon choix?

vigile.quebec tribune libre 30 mars 2024
 

Oui à la rémunération des stagiaires en éducation

30 mars 2024

Durant ma carrière d’enseignant au secondaire, il m’a été donné la chance d’accueillir dans mes classes des stagiaires venant de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval. Quoique observateurs au début du stage, très rapidement, ils étaient soumis à la prestation de cours, dont ils élaboraient eux-mêmes les contenus. Bien qu’il eût été tout à fait pertinent de les rémunérer, il n’en était pas question à l’époque.

Or, le 30 mars 2023, les quatre partis représentés à l’Assemblée nationale, dont le gouvernement de la CAQ, ont adopté à l’unanimité une motion qui accorde le statut de salarié aux étudiants stagiaires du secteur public. Mais un an plus tard, rien n’a bougé.

Aujourd’hui, les stagiaires revendiquent à juste titre d’être rémunérés, ce qui leur permettrait d’atténuer la lourdeur des frais de scolarité et de l’augmentation du coût de la vie par rapport aux années 1980. Toutefois, la ministre québécoise de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, argue cavalièrement que son gouvernement « a fait des choix » budgétaires et que payer ses étudiants stagiaires n’en fait pas partie. « Dans ce budget-ci, on a fait des choix importants, exigeants. Des choix nécessaires. Et c’est ces choix-là. Alors en ce moment, dans le contexte, il n’est pas possible pour le gouvernement d’emprunter cette voie », a-t-elle expliqué.

La profession d’enseignant manque d’amour et, par effet collatéral, d’attractivité. La pénurie de main-d’oeuvre en éducation est littéralement alarmante. Le stage fait partie du curriculum des étudiants en sciences de l’éducation. Sa rémunération contribuerait, à mon avis, à jeter un peu de baume sur l’hésitation des étudiants qui pensent à emprunter le chemin de l’enseignement.

vigile.quebec tribune libre 28 mars 2024
Le Devoir 30 mars "Oui aux stagiaires rémunérés"
Le Soleil (version numérique) 31 mars 2024